Dans l’ombre de l’histoire du pyrénéisme, Houbigant occupe une place centrale dans la consécration de Pierrine Gaston-Sacaze, berger-botaniste de renommée internationale et figure locale de « l’illettré-savant ». Sous l'impulsion de Sacaze, Houbigant, qui herborise, développe cette activité.
Une relation érudite et amicale s'instaure entre les deux hommes.
Une relation érudite et amicale s'instaure entre les deux hommes ; elle conduit Houbigant à commander à Eugène Devéria – rencontré dès son arrivée aux Eaux - ce qui est aujourd'hui le plus beau portrait du berger de Bagès lithographié à une centaine d'exemplaires. Une partie est offerte à Sacaze qui en fera cadeau à ses admirateurs ; l'autre est distribuée par Houbigant lui-même.
L’auteur évoque très clairement la tradition polyphonique locale, livrant par là l’un des plus anciens témoignages de cette tradition singulière en France.
Le 31 juillet 1842, Sacaze invite Houbigant au repas d'anniversaire de son père qui fête ses 90 ans. Le repas, qui réunit proches parents et voisins, est des plus ordinaires hormis les présents d’Houbigant. Toutefois, après manger, chant et danse sont au rendez-vous. En peu de mots, l’auteur évoque très clairement la tradition polyphonique locale, livrant par là l’un des plus anciens témoignages de cette tradition singulière en France.
Diverses lettres autographes de leur correspondance sont également conservées dans le manuscrit. L’une d’elles regarde particulièrement la musique et révèle un témoignage unique : la représentation d’un Ossalois – Sacaze – sur sa propre tradition musicale comparée, ici, à la culture des élites du temps. Plus encore, dans cette lettre où il revendique particulièrement ici une culture à part entière, un code musical distinct, il se démarque de la majorité de ceux qui écrivent à cette époque sur le chant :
... nos mélodies et nos instruments ne furent point inventés pour plaire dans un salon, pour flatter l'oreille de l'auditeur avec les mots entrecoupés ...
« Monsieur, Je ne sais pas trop comment tous les étrangers qui voyent et qui entendent notre musique ossaloise, se figurent et croyent entendre dans nos airs de musique un même ton et un même air. Bien que nos mélodies et nos chants soient composés d'après les l'occalités [sic.] c'est à dire que nos mélodies et nos instruments ne furent point inventés pour plaire dans un salon, pour flatter l'oreille de l'auditeur avec les mots entrecoupés, avec des sons à peine sensibles, nos sons et nos instruments étaient destinés à tout autre chose... un son monologue, monotone mais très fort, très appuyé afin que comme dans le Cor de chasse l'on puisse se faire entendre d'un autre pasteur (...) Les 4 exemples que je vous présente et les notes que j'y ai mises sont loin d'être la musique même... il n'y a qu'une idée simple, le tiers a peu près de celles qui y sont employées avec les instruments (...) »
Biographie détaillée de Pierrine Gaston-Sacaze
Extraits des "Chants populaires d'Ossau, historiques - errotiques & vachiques. Depuis l'an 725 jusqu'à 1860……", par Pierrine Gaston-Sacaze, conservé aux Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, cote 4J106
Jean-Jacques Castéret
InÒc–Aquitaine / Laboratoire ITEM de l’UPPA