Né à Paris le 29 avril 1790, Armand-Gustave Houbigant est le fils du célèbre parfumeur Jean-François Houbigant (1752-1807), de Grasse, venu s’installer à Paris en 1775 pour vendre des gants, des parfums et des corbeilles de mariage. Depuis sa boutique du Faubourg Saint-Honoré, « A la corbeille de fleurs », il fut tour à tour le fournisseur de Madame du Barry alors favorite de Louis XV, Marie-Antoinette, Napoléon 1er. Cette maison – qui existe toujours – continuera à approvisionner les grands du monde, comme la Reine Victoria et plus tard l’épouse d’Alexandre III de Russie jusqu’à la veille de 1917… Son fils Armand-Gustave, a donc grandi dans un milieu raffiné et familier de l’art. Il a pris des cours dans l’atelier du Génois Carafa, proche de l’archéologue Millin, collectionneur, graveur et illustrateur, curieux de tout, qui consacra aux Pyrénées des vues gravées dans un Voyage dans les départements du Midi de la France qu’il publia de 1807 à 1811. Cet ouvrage est en quelque sorte l’ancêtre des voyages pittoresques qui se multiplieront à l’époque romantique.
Historien érudit et fort d’une culture artistique,
d’une pratique honorable du dessin, de l’aquarelle et de la gravure
Historien érudit et fort d’une culture artistique, d’une pratique honorable du dessin, de l’aquarelle et de la gravure, Houbigant est connu pour avoir créé dans sa jeunesse un jeu de cartes des Dames de France (1816) – dont l’original est conservé à la Bibliothèque nationale de France – composé à la suite d’un pari avec des amis, « qu’il les ferait jouer avec des cartes autres que celles usitées et que tout le monde trouvait hideuses ». Ses talents lui valent d’être mentionné dans la rubrique « amateurs » de l’Annuaire des artistes français de 1832.
Le Journal d’un voyage de Paris aux Eaux-Bonnes réunissant leur souvenirs ne comptent pas moins de 470 pages manuscrites et 530 illustrations
Héritier précoce de la fortune familiale, il s’établit à partir de 1812 à Nogent-sur-Oise dont il sera le maire de 1831 à 1848. Il y épouse Céleste Hua, fille d’un conseiller à la cour de cassation de Paris. C’est la santé fragile de cette dernière qui attire, au cœur des étés 1841 et 1842, le couple vers les Pyrénées et les Eaux-Bonnes où ils descendent à l’Hôtel d’Incamps. Pour leurs séjours ultérieurs, ils descendront à Pau chez le neveu de Mme Houbigant, Eustache Maur François-Saint-Maur (1825-1901), « de la Société de l’École Impériale des Chartes et de celle des antiquaires de l’Ouest », alors Archiviste paléographe (promotion de 1847), docteur en droit et avocat général et président de la Chambre d'appel de Pau.
Les deux volumes (env. 300 pages chacun) du Journal d’un voyage de Paris aux Eaux-Bonnes réunissant leur souvenirs ne comptent pas moins de 470 pages manuscrites et 530 illustrations (estampes et œuvres originales). Cette entreprise de longue haleine, composée de 1841 à 1862, laissera le second volume en chantier.
Au fil des années suivantes, renouvelant le voyage dans les Basses-Pyrénées annuellement de 1850 à 1855, puis en 1859, Houbigant réunit des matériaux en vue de rédiger et d’illustrer de planches lithographiques un album sur la jeunesse du roi Henri IV et les lieux de son enfance. Il séjourne alors avec son épouse chez Saint-Maur. C’est ce neveu, associé à ses excursions et recherches studieuses, qui finalisera l’édition des Promenades historiques dans le Pays d’Henri IV (Album de la jeunesse du roi de Navarre) d’après les notes, dessins et manuscrits de M. A. G. Houbigant, par M. E. M. François Saint-Maur, parues à Pau, chez Vignancour, en 1864, soit un an après la mort de l’auteur. Membre du Conseil Général de l'Oise et Chevalier de la Légion d'Honneur, Houbigant s’est en effet éteint à Paris, à l'âge de 73 ans, le 12 janvier 1863. D’autres sources le donnent pour né en 1789 et mort en 1862.
Membre du conseil général de l'Oise et chevalier de la Légion d'honneur, Houbigant meurt à Paris à l'âge de 73 ans le 12 janvier 1863. Son acte de décès est consultable dans la version numérique de l'état civil de Paris (l'acte de baptême est accessible dans la base LEONORE).
Au titre de la dernière entreprise de cet érudit, il est intéressant de signaler qu’un ensemble de quelque 26 dessins originaux d’Houbigant, datant des séjours de 1854 et 1855, sont conservés au Musée national du Château de Pau. Ils sont consultables via le site internet de Château.
Hélène Saule-Sorbé, Professeur des Universités en Arts plastiques
Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3
Pour en savoir plus :
- Journal de voyage de Paris aux Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées) en allant par Orléans, Tours, Poitiers, Bordeaux et Pau ; revenant par Pau, Tarbes, Périgueux, Limoges et Châteauroux, fait en 1841 par M. et Mme Houbigant et Melle Louise Leuillier, Pau, Bibliothèque municipale, ms 124.
- Marcelle Bouyssi, « Souvenir de voyages aux Pyrénées par Armand-Gustave Houbigant », Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de Pau, XXII, 1961, p. 14-19.
- Marguerite Gaston, Images romantiques des Pyrénées, Les Amis du Musée pyrénéen, Pau, 1975, p. 256.
- Pyrénées. Bulletin pyrénéen, N° 234, Avril 2008, pp. 118-119.