D’origine écossaise, Stewart (1814-1887) s’installe à Pau en 1846 ou 1847, au cœur d’une colonie britannique déjà importante, pour la santé de sa femme, et, à partir de 1850, y passera tous ses hivers, entre divers déplacements et voyages. Sa sœur aînée est, il est bon de le préciser, l’épouse de John Herschel, astronome et chimiste, dont les compétences dans cette discipline et des relations amicales avec Henry Fox Talbot, l’un des trois inventeurs de la photographie, ont sans nul doute stimulé la vocation de son jeune beau-frère.
Stewart est par conséquent un adepte de la version anglaise de l’invention de la photographie en France.
C’est à Herschel auquel nous devons les termes de photography (photographie) et de négatif/positif définissant le principe du calotype (mot tiré du grec, signifiant “belle image”), procédé mis au point par son ami Fox Talbot. Il trouvera aussi la formule du fixateur, jalon essentiel dans la mise au point définitive du calotype.
Stewart est par conséquent un adepte de la version anglaise de l’invention de la photographie en France, par Niepce puis Daguerre. Ce procédé possède, dès sa conception, l’avantage de donner lieu à de nombreux tirages à partir du même négatif papier, un papier que l’on aura préalablement rendu translucide. La matérialité (fibre, grain) de ce dernier, projetée par la lumière au même titre que l’image sur le support positif, donne à ses premières épreuves positives pyrénéennes un charme indéniable.
Certaines de ses vues sont publiés en 1853 par Blanquart-Evrard – premier éditeur photographique installé à Lille, dans un album intitulé Souvenirs des Pyrénées. On en retrouve des clichés dans Etudes photographiques et Souvenirs photographiques du même éditeur. La magnifique épreuve représentant le Vieux pont à Orthez, déclaré « monument historique » en 1842, que l’on trouve dans le volume 2, fait partie du premier de ces albums.
Stewart expose ses épreuves les plus réussies en 1852, 1853 et 1857 à la Société Française de Photographie dont il est membre en 1855. Il est avec ses amis Heilmann et Lyte, fondateur de la Société scientifique, artistique et photographique de Pau. S’il semble délaisser au bout de quelques années la photographie, vers 1857, année où s’éteint Heilmann, il a continué à jouer un rôle très actif au sein de la colonie britannique paloise, présidant la Société des Amis des Arts en 1875 et le Pau Hunt dont il sera aussi Master.
Hélène Saule-Sorbé, Professeur des Universités en Arts plastiques
Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3
Pour en savoir plus
- Catalogue de l’exposition Pyrénées en Images, Musée national du château de Pau, sous la direction de Paul Mironneau, R.M.N, Paris 1995
- Pyrénées, voyages photographiques de 1839 à nos jours, sous la direction d’Hélène Saule-Sorbé, Editions du Pin à Crochets, Pau, 1998