D’origine italienne, né à Marseille, Ferogio (1805-1888) se forme à Montpellier puis à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris à partir de 1825 auprès de Gros – baron Antoine-Jean Gros (1771-1835), peintre néo-classique qui fit partie de la suite de Napoléon Bonaparte en Italie. L’élève intègre l’habileté acquise auprès du grand peintre d’histoire à la grande vogue de la lithographie romantique et du goût pour les costumes. Les Pyrénéens que cet artiste a réunis dans la Nouvelle suite de Costumes des Pyrénées (lithographies A. Bry, publié chez Gihaut à Paris en 1841) sont réalisés à partir des ethnotypes dessinés par Lagarrigue, peintre tarbais de talent : marchandes de bois de Barèges, bergers de Grip, attelage aux environs de Tarbes, beurrayres d’Ossun, etc., sont mis en scène et en couleurs avec grâce.
La vallée d’Ossau fait l’objet des deux planches que nous retrouvons dans le tome 1 du manuscrit Houbigant : couples gracieux d’Ossalois vaquant à leurs occupations. Ce souci est cohérent avec les attendus du Pittoresque, « le corps humain sera toujours plus pittoresque en action qu’au repos » rappelait le révérend Gilpin dans ses Essais sur le beau pittoresque (1792). La montagne, peu identifiable sinon sous la forme d’une évanescence blanche sur fond de papier bistre, joue le rôle d’un décor estompé certes, mais valorisant, fournissant des accessoires tel qu’un tronc d’arbre couché, ou la chaussée d’un chemin de terre strié par le passage des attelages, pour asseoir ou camper les personnages. Par ailleurs, c’est la page de titre de l’album de Ferogio, ornée d’un frontispice couleur locale (page 170), qu’Houbigant a détournée pour introduire à une partie intitulée « Costumes des habitants de la vallée d’Ossau, occupations, nourriture, musique ».
Hélène Saule-Sorbé, Professeur des Universités en Arts plastiques
Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3
Pour en savoir plus
- Marguerite Gaston, Images romantiques des Pyrénées, Les Amis du Musée pyrénéen, Pau, 1975