Originaire de Strasbourg, savant polyvalent typique du siècle des Lumières, avant d’être homme politique, Ramond, baron de par ses titres de noblesse, a étudié à l’université de Strasbourg. Marqué par Goethe qu’il a pu rencontrer, il écrit de la poésie et des drames historiques. Il a lu Rousseau et particulièrement apprécié La Nouvelle Héloïse. “Il faudrait voyager comme Jean-Jacques, et cela n’est pas souvent possible”, aussi entreprend-il un voyage à pied dans les Alpes suisses en 1777.

Portrait de Ramond de Carbonnières
Portrait de Ramond de Carbonnières. Source : Wikipedia

Cette expérience irrigue les Observations ajoutées à sa traduction des Lettres de W. Coxe à W. Melmoth sur l’état politique, civil et naturel de la Suisse (1781), addendum qui le rend fort célèbre outre-Manche et qui assurera le succès ultérieur de ses Observations faites dans les Pyrénées (1789). En 1787, il suit en exil le cardinal de Rohan dont il est secrétaire, en Auvergne puis dans les Pyrénées, car ce dernier a été mêlé à l’affaire du collier de la Reine. C’est aux montagnes qui clôturent la France au sud que sont consacrés les travaux majeurs de Ramond : Voyages au Mont-Perdu [...] (1801), “Voyage au sommet du Mont-Perdu” [1802], Journal des Mines (1803), “Mémoire sur l’état de la végétation au sommet du Pic de Midi de Bagnères”, Annales du Museum, 1826.

Planche extraite des Voyages au Mont Perdu
Planche extraite des Voyages au Mont Perdu. Bibliothèque patrimoniale de Pau, cote E310

La Société Ramond à Bagnères et Henri Beraldi, l’historiographe du pyrénéisme, publieront des travaux inédits.

Professeur d’histoire naturelle à l’Ecole centrale de Tarbes, ville où il fut emprisonné pendant la Terreur, puis député au corps législatif de 1800 à 1806, il est nommé préfet du Puy-de-Dôme en 1806 et poursuit en Auvergne d’importantes recherches sur le baromètre et la mesure des altitudes. Il renonce à ses fonctions en 1813 et termine sa carrière politique sous la Restauration comme conseiller d’Etat.

Buffon a dit de lui “il écrit comme Rousseau”. Dans sa prose, sensibilité au paysage, rêveries métaphysiques, notations scientifiques (botaniques, minéralogiques), réflexions socio-économiques ou politiques cohabitent sans heurts. Doué pour le dessin, il laisse des vues d’altitude sur les Pyrénées justes et intemporelles, de même que quelques essais de cartographie. On l’a souvent comparé à Saussure, qui fut pour les Alpes ce qu’il a été pour les Pyrénées. L’un de ses biographes, A. Monglond, a détaillé ses épisodes alpins et dépouillé d’intéressantes sources.

Planche extraite des Voyages au Mont Perdu
Planche extraite des Voyages au Mont Perdu. Bibliothèque patrimoniale de Pau, cote E310

Il n’est de voyageur qui ne vienne aux Pyrénées sans avoir lu Ramond. Il a laissé une belle évocation des coteaux de Pau, mais n’a pas, ou fort peu, parcouru les Pyrénées occidentales.

 

Hélène Saule-Sorbé, Professeur des Universités en Arts plastiques
Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3

Pour en savoir plus

  • A. Monglond, La Jeunesse de Ramond, rééd. Librairie des Pyrénées et de Gascogne/Princi Neguer, Pau, 2000.